mardi 12 mars 2013

éditorial de Lutte Ouvrière du 11 mars : Il n’y a pas de sauveur suprême, ni au Venezuela ni ailleurs

Les commentateurs des médias ont été étonnés devant les foules immenses de pauvres, qui, au Venezuela, ont accompagné les obsèques de Chavez.
Eh oui, Chavez était un président qui avait su attirer la sympathie des masses pauvres de son pays. Mais comme en témoignait la présence de plusieurs dizaines de chefs d’Etat ou leurs représentants, il avait su tout aussi bien se faire accepter par les grands dignitaires de ce monde.
Chavez était un des rares chefs d’État de pays sous-développés qui avait su dire non aux grandes puissances, en l’occurrence les États-Unis, et aux représentants des grands trusts qui dominent l’économie de ces pays.
De plus, il avait une politique sociale qui tranchait sur celles de tant de dirigeants politiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Ceux-ci empochent les miettes que leur concèdent les grands trusts qui pillent leurs pays sans en laisser la moindre retombée pour leurs peuples. Il a utilisé une partie de l’argent du pétrole pour créer des écoles et des centres de santé dans les quartiers populaires alors que tant de protégés de grandes puissances se moquent d’apprendre à lire et à écrire aux enfants de leurs pays et ne se soucient même pas qu’ils puissent manger à leur faim.
Chavez a su s’opposer aux multinationales américaines et imposer ses conditions. Mais il n’est pas allé jusqu’à confisquer les intérêts étrangers dans le pétrole. Il s’est contenté d’accroître le contrôle de l’État et cela a suffi pour qu’il devienne la bête noire des américains.
C’est son courage à s’opposer à la première puissance mondiale qui a fait sa popularité. Il a redonné fierté et dignité à son peuple piétiné par l’impérialisme.
La popularité dont bénéficiait Chavez donne une idée, fut-ce indirectement de la haine suscitée en Amérique latine par la domination impérialiste et en particulier par les Etats-Unis.
Ces peuples ont été exploités, opprimés pendant des siècles. Leurs richesses naturelles ont été pillées. Pour tirer bénéfice de la culture de la canne à sucre, du coton on leur a imposé l’esclavage. La mémoire de ce passé de pillage, d’oppression et d’exploitation survit d’autant plus qu’il continue sous d’autres formes. La souffrance des victimes des putschs et des dictatures soutenues par les Etats-Unis n’est pas seulement inscrite dans la mémoire collective, elle est inscrite dans la chair de millions de femmes et d’hommes en lettres de sang.
La présence aux obsèques de Chavez de tant de chefs d’Etat ou de leurs représentants a montré que ceux-ci reconnaissaient en lui un des leurs. Chavez était intégré au concert des chefs d’Etat et au monde capitaliste.
Chavez ne combattait pas réellement l’impérialisme car il ne combattait pas la base sur laquelle il repose : la propriété capitaliste. Si l’État a pris, en partie, le contrôle de l’industrie pétrolière, il n’a pas exproprié les classes possédantes. Les riches ont continué à prospérer et sont toujours les maîtres de l’économie. Quant à « l’ennemi américain » il continue de piller le pétrole tant et si bien que le Venezuela est resté son principal fournisseur.
Malgré les mesures sociales, le pays est empêtré dans le sous-développement. Redistribuer aux plus pauvres une partie de la rente pétrolière n’a pas supprimé les inégalités, le chômage et la misère car l’économie du pays continue d’être pillée et dominée par les grandes puissances.
Sauf mettre à bas l’impérialisme, il n’y a pas d’échappatoire pour les pays pauvres. Et cela ne peut pas être le fait d’un homme providentiel car il ne s’agit pas seulement de remplacer un homme par un autre. Il s’agit de transformer les bases de la société, de remettre en cause la propriété capitaliste et faire en sorte qu’il n’y ait plus de privilèges et de privilégiés.
Cela ne peut se faire sans que la classe ouvrière s’en mêle. Cela ne peut se faire que collectivement, par l’organisation consciente de tous les exploités prenant la direction de l’économie. C’est la seule voie qui peut faire en sorte que dans des pays comme le Venezuela, l’Algérie, le Niger, le Gabon et bien d’autres encore, la grande majorité de la population ne soit pas condamnée à la misère.
En revenant des obsèques de Chavez, le ministre socialiste de l’outre-mer a déclaré, en substance, que le monde gagnerait si, parmi les dirigeants des pays pauvres, il y en avait qui ressemblaient à Chavez. Quelle hypocrisie ! Si tant de régimes pourris et corrompus perdurent en Afrique, c’est en raison du soutien, au besoin militaire, de l’impérialisme français. Et ce, que le gouvernement soit de droite ou de gauche.

lundi 4 mars 2013

MARDI 5 MARS, DIRE NON AUX ATTAQUES DU PATRONAT ET DU GOUVERNEMENT

éditorial de Lutte Ouvrière du 03 mars : 
Laurence Parisot, en campagne pour sa propre succession, a pour programme de relever l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans et de porter la durée de cotisation à 43 annuités. Elle a aussi en ligne de mire les allocations chômage, les allocations familiales, enfin tout ce qu’elle considère être des dépenses inutiles.
La proposition de loi consistant à amnistier les délits commis dans le cadre des mouvements sociaux, votée au Sénat, a déchaîné la fureur de Madame. Les sénateurs PS en ont pourtant tellement réduit la portée que, si amnistie il y avait, elle serait symbolique. Parisot le sait, mais pour caresser les patrons dans le sens du poil, il est toujours bon de faire passer les travailleurs en lutte pour de dangereux délinquants.
Les patrons voudraient pouvoir imposer des cadences insupportables sans que les travailleurs ne résistent. Ils voudraient fermer des usines et priver de leur salaire des milliers de travailleurs sans être dérangés. Avec la flexibilité, ils démolissent la vie privée des travailleurs et il faudrait que les travailleurs se résignent, qu’ils n’aient pas un mot plus haut que l’autre, pas un geste de colère. Ce n’est pas comme ça que cela se passe et c’est tant mieux !
Les travailleurs qui sont jetés comme des malpropres après des années de travail ont de quoi être en colère. Ceux qui découvrent qu’on leur a menti, qu’on les a manipulés ont de quoi être révoltés. Et cela ne fait pas d’eux des délinquants !
« Il faut favoriser le dialogue social, pas la destruction », a rajouté Parisot. Et de prendre pour exemple le « dialogue social » qui a débouché sur l’accord du 11 janvier entre le Medef, la CGC, la CFTC et la CFDT.

Mais cet accord n’est rien d’autre que la reconnaissance du diktat patronal. L’accord est basé sur le point de vue du patronat selon lequel pour sécuriser l’emploi, il faut pouvoir licencier plus facilement et flexibiliser au maximum. Que trois syndicats et le gouvernement prétendument socialiste aient adopté ce point de vue n’y change rien, car le résultat est sans appel : le patronat a obtenu tout ce qu’il voulait.
Comble de cynisme, le gouvernement a prévu de traduire cet accord dans une loi « pour la sécurisation de l’emploi ». Mais si cette loi est adoptée, elle va sécuriser les licenciements, sûrement pas les emplois. Les licenciements seront plus faciles, ils coûteront moins cher aux patrons, et les salariés pourront plus difficilement les contester. Comme si les milliers de travailleurs licenciés, chaque semaine, ne suffisaient pas !
Côté salarié, qu’est-ce qui est sécurisé ? Pas le lieu de travail, puisque l’accord impose la mobilité. Pas le temps de travail, puisque l’accord impose la flexibilité. Ni même le salaire, puisqu’il sera désormais possible pour les patrons de le baisser en fonction de leurs affaires.
Tout cela dépendra d’accords d’entreprise, autrement dit du chantage patronal, où les salariés n’ont le choix qu’entre « travailler plus pour gagner moins » ou être licenciés. Et ce, sans même avoir la garantie qu’au bout du compte ils ne perdront pas leur emploi ! Avec cette loi, le chantage, l’arbitraire et la violence des patrons vont avoir force de loi et on le devra au gouvernement socialiste !
Le patronat ne cache pas qu’il veut aller plus loin encore et le gouvernement y œuvre. Après avoir dénoncé la réforme Sarkozy de 2010 sur les retraites, voilà que le gouvernement se prépare à l’aggraver. Sacrifices sur les retraites, hausse du diesel, baisses de salaire, licenciements, c’est de tous les côtés que les coups nous tombent dessus.
Mais qui sème le vent récolte la tempête ! Patronat et gouvernement vont finir par provoquer le coup de colère qui mettra les exigences des travailleurs au premier plan.
Il faudra qu’à cette colère s’ajoute la conscience claire des intérêts politiques de la classe ouvrière et de la société. Les travailleurs contesteront alors le droit, qu’a une minorité, de maintenir la majorité dans l’exploitation, le chômage et la misère. Ils remettront en cause le sacro-saint droit patronal à décider de leur vie. On n’entendra plus le patronat se plaindre de quelques dégradations matérielles, c’est tout son droit de propriété sur les entreprises qui lui sera enlevé, et ce ne sera que justice !
Cela exigera un tout autre rapport de force que celui d’aujourd’hui. Mais on peut et on doit commencer par dire « non » à la politique anti-ouvrière du gouvernement et du patronat.
Ce mardi 5 mars, la CGT et FO appellent à manifester contre le projet de loi sur la flexibilité. Il faut que des travailleurs manifestent leur opposition. Qu’il soit dit que les travailleurs refusent tous ces reculs et qu’ils n’ont pas fini de les combattre !

 

samedi 2 mars 2013

Manifestons le 5 mars !

Lutte Ouvrière appelle ses militants et sympathisants à participer aux manifestations du 5 mars contre le projet de loi qui permet de licencier et de baisser les salaires, prévue à 14h, place du Châtelet à Paris.
A Paris, notre point de rencontre est fixé au carrefour de la rue du Louvre et de la rue de Rivoli (M° Louvre-Rivoli).