lundi 29 novembre 2010

Licenciement des fonctionnaires : une attaque de plus contre les travailleurs

Le décret sur la réorientation des fonctionnaires lorsque leur poste est supprimé vient d'être publié au Journal officiel.

Le texte prévoit que si l'administration ne peut reclasser un fonctionnaire dans un emploi correspondant à son grade, il sera « placé en situation de réorientation professionnelle », période pendant laquelle son « projet personnalisé d'évolution professionnelle sera établi », et qui pourra aussi inclure des emplois temporaires.

Ensuite, trois propositions de reclassement lui seront faites et, s'il les refuse, il sera alors « mis en disponibilité », c'est-à-dire sans salaire ni indemnité chômage. S'il refuse encore trois nouvelles offres, il sera licencié ou mis à la retraite d'office.

Les stages de reconversion, les « perspectives d'évolution de carrière » et les emplois intérimaires, beaucoup de travailleurs du privé les ont connus, pour se retrouver en fin de compte au chômage. La démarche est la même dans le cas de la Fonction publique que pour les entreprises privées : il faut « dégraisser » pour faire des économies.

Georges Tron, le secrétaire d'État à la Fonction publique, affirme pourtant que ce décret est beaucoup plus favorable que les anciens textes qui permettaient à l'administration de licencier un fonctionnaire dès le premier refus, assimilable à un abandon de poste. Sauf qu'il était extrêmement rare qu'un fonctionnaire refuse un poste, puisque ce qu'on lui proposait correspondait à sa formation et son souhait de carrière. Et quand, pour des raisons personnelles, il ne souhaitait pas rejoindre un poste, parce que trop éloigné de son domicile par exemple, son cas était discuté en commission paritaire avec les syndicats et un arrangement était en général trouvé. Mais avec la baisse du nombre d'emplois dans la Fonction publique, les possibilités de reclassement s'amenuisent d'autant.

Par ce décret, le gouvernement prévoit d'abord la possibilité de muter des fonctionnaires d'un service à un autre, en fonction des besoins en personnel ou après quelques mois de pseudo-reconversion. Et tant pis pour eux s'ils ne s'adaptent pas, le seul autre choix sera la porte. Mais surtout, le nombre de fonctionnaires ayant été réduit dans tous les services, il ne sera pas si facile que cela de proposer un nouvel emploi à tous ceux qui auront perdu l'ancien. Quand, dans un département, on supprime des tribunaux, où les employés peuvent-ils aller ? Dans le département voisin qui connaît la même situation ? Au Trésor public ou dans l'Éducation nationale, qui suppriment des postes ?

Le décret sur la reconversion des fonctionnaires est une attaque contre la garantie qu'ils avaient, dès l'instant où ils étaient titulaires de leur poste, de ne pas se retrouver au chômage du jour au lendemain. C'est aussi une attaque contre les conditions de vie de l'ensemble de la population, qui verra les services publics se dégrader encore plus.

Lutte Ouvrière n°2208 du 26 novembre 2010

samedi 13 novembre 2010

Le monde du travail a relevé la tête

Le 5 juillet 2008, devant un parterre de courtisans, Sarkozy déclarait avec un sourire satisfait : « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit. » Et les spectateurs de ricaner et d’applaudir le bon mot de leur président.

Aujourd’hui, ils ne ricanent plus. Et c’est le passage en boucle de ce discours dans un certain nombre de cortèges qui a bien fait rire les grévistes. Ce gouvernement si méprisant vis-à-vis des travailleurs et si servile vis-à-vis des riches, qui affirmait avec superbe, il y a trois mois, qu’il agissait « au nom du peuple », a dû ranger sa morgue et faire passer sa loi presque en catimini, avec une procédure d’urgence au Parlement.

Pourquoi ? Parce que pendant deux mois, chaque semaine, parfois deux fois par semaine, le pays a été le théâtre de centaines de manifestations. Jeunes et vieux, actifs et retraités, travailleurs du public et du privé, syndiqués et non syndiqués, français et immigrés, se sont retrouvés au coude à coude des semaines durant, par millions, pour rappeler au gouvernement qu’il a eu bien tort d’enterrer la combativité ouvrière. Bien tort de croire que la période pendant laquelle gouvernements de gauche et de droite pouvaient taper sur le monde du travail sans que celui-ci réagisse, allait durer à jamais.

Pendant deux mois se sont succédé les grèves, longues ou courtes, les débrayages, les journées d’action, les blocages. De la grande grève des raffineries de pétrole ou des transports jusqu’aux petites succursales d’agences bancaires qui ont fermé le rideau, le mouvement a touché à un degré ou un autre toutes les catégories qui composent le monde du travail. Et pour la première fois depuis de nombreuses années, on a vu défiler des contingents significatifs venus des entreprises privées.

Pendant deux mois, les plus petites villes du pays ont vu des manifestations qu’elles n’avaient jamais connues, avec des familles entières de travailleurs qui descendaient dans les rues pour la première fois.

Pendant deux mois, dans les ateliers, dans les bureaux, dans bien des écoles, dans les transports en commun, dans les cafés, on n’a parlé que de ça. Dans les quartiers populaires, il y avait ceux qui participaient au mouvement, et puis il y avait ceux qui les soutenaient. Et c’est tout. Parce que les rares qui étaient encore favorables à Sarkozy et à sa politique n’osaient pas ouvrir la bouche, et c’est tant mieux.

Pendant deux mois, les médias ont aligné les sondages montrant que plus de 70 % des « personnes interrogées » soutenaient le mouvement. Mais dans les « personnes interrogées », il y a aussi des patrons, petits ou grands, des hauts cadres ou des professions libérales. Aucun sondage n’a été fait pour interroger exclusivement les salariés. Quel résultat aurait-il donné ? 90 %, 95 % ? Pendant deux mois, c’est le monde du travail tout entier qui a été solidaire de ce mouvement.

Le monde du travail, pour la première fois depuis bien longtemps, a relevé la tête. Il a montré sa force, il l’a redécouverte lui-même. Il a aussi redécouvert ce que signifient les mots « unité des travailleurs » et « solidarité ». C’est déjà, en soi, une victoire, riche d’enseignements et d’espoir pour l’avenir.

Cette bataille, nous ne l’avons pas gagnée – au sens où nous n’avons pas réussi à faire reculer le gouvernement et le patronat. Mais nous avons réussi à nous faire respecter, et ce n’était pas arrivé depuis bien longtemps.

Et pourtant, nous n’avons fait que laisser entrevoir notre force. La véritable bataille, elle aura lieu quand nous serons prêts à entrer en grève, générale, totale, dans toutes les entreprises, comme en juin 1936 ou en mai 1968. En quelque sorte, le mouvement qui vient d’avoir lieu a été une préparation aux luttes futures. Et cela seul a déjà réussi à faire changer de ton ce gouvernement habituellement si arrogant. Cela nous fait mesurer ce qu’il se passera lorsque nous engagerons une lutte d’une autre ampleur.

Tous ceux qui l’avaient oublié ont redécouvert pendant ces deux mois que sans le monde du travail, un pays ne peut pas fonctionner. C’est une leçon que nous ne devons pas oublier.

Nous n’avons pas fait plier le gouvernement – pas cette fois – mais nous avons gagné en prise de conscience. Bien des travailleurs ont fait, pendant ce mouvement, leur première expérience de lutte. Ce ne sera certainement pas la dernière.

Article extrait d'un supplément exceptionnel de Lutte Ouvrière, disponible gratuitement auprès de nos camarades, à lire et faire lire autour de nous !

Prochaine réunion du Cercle Léon Trotsky

Elle aura lieu vendredi 19 novembre à 20 h 30
Espace Paris-Est Montreuil, 128 rue de Paris à Montreuil (Métro Robespierre, L9)
Le sujet portera sur l'Allemagne, 20 ans après la réunification.
(participations aux frais d'entrée 3 euros)

mardi 2 novembre 2010

Les militants de Lutte Ouvrière à votre rencontre

Nous serons présents entre 10 h et 12 h sur le marché de Draveil dimanche 7 novembre.

Le mouvement actuel n’est pas une fin mais un commencement. Participons massivement aux manifestations du 6 novembre !

Nous nous sommes fait respecter, nous saurons les faire reculer.

Le gouvernement a eu le vote qu’il voulait. Mais que le gouvernement ne croie pas qu’il a les mains libres. Les travailleurs ont pu voir que si le mouvement n’est pas encore suffisant pour le faire reculer, le rapport de force est en train de changer.

Des centaines de milliers de travailleurs, trois millions au total, ont participé au mouvement sous une forme ou une autre et en sont fiers. D’autant plus fiers qu’ils savaient qu’ils avaient la sympathie de la grande majorité du monde du travail. La journée du 6 novembre doit être l’occasion d’affirmer une nouvelle fois qu’ils savent que c’est ensemble qu’ils peuvent se défendre et contre-attaquer. Ils ont pu se rendre compte de la puissance collective qu’ils représentent.

Participer aux actions et aux manifestations de ce samedi 6 novembre est la meilleure façon d’affirmer que le mouvement actuel n’est pas une fin mais un commencement. D’autres luttes sont inévitables car ni le patronat ni le gouvernement ne nous laissent d’autre choix.

Le rendez-vous de la manifestation à Paris est à 14 h 30, place de la République (en direction de Nation).