jeudi 28 mai 2015

Espagne : un vote contre l'austérité

Dimanche 24 mai avaient lieu en Espagne les élections municipales dans l’ensemble du pays. En même temps dans toutes les grandes régions sauf l’Andalousie, le Pays basque, la Galice et la Catalogne se déroulaient les élections dites des autonomies, qui élisent les Parlements régionaux.
Les résultats de ces deux scrutins montrent un rejet croissant du Parti Populaire (PP), le parti de droite actuellement au pouvoir, et de la politique d’austérité qu’il impose aux classes populaires en même temps qu’il couvre tous les scandales et les malversations commises par ses amis politiques et par le monde de la finance. Le sauvetage des banques à coup de milliards d’euros pendant que les banquiers expulsaient ceux qui ne pouvaient plus payer leurs traites a semé un vent de révolte. Quant aux propos de Rajoy annonçant que la fin de la crise s’approchait ont sans doute augmenté la colère de ceux qui n’acceptent plus le chômage, la précarisation du travail, et la baisse des salaires. Rajoy, pour conserver ses positions, espère sans doute pouvoir s’allier avec un nouveau parti, créé tout récemment, ancré à droite et qui s’est développé rapidement, Ciudadanos (Citoyens), qui a eu 1 400 000 voix. Mais rien n’est joué !
Le PP n’est pas le seul grand parti à payer les conséquences de la politique des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis la crise de 2007. À gauche, le parti socialiste PSOE a mené pendant plusieurs années, quand il était au pouvoir et aussi au niveau local, une politique semblable a celle du PP, qui a déçu son électorat. Dans les élections du 24 mai, il semble avoir relativement enrayé son recul. Ayant choisi de mettre en avant des dirigeants plus jeunes et dynamiques, il conserve des positions importantes dans les deux scrutins. Mais il est clair que là où il peut espérer rester en place, il lui faudra conclure des alliances avec des courants dits radicaux comme Podemos et Izquierda Unida.
Or les élections municipales et des autonomies confirment la montée de ces courants. Même si cette montée recouvre différentes nuances, elle est ressentie par des centaines de milliers de personnes comme un encouragement à ne pas accepter de subir les sacrifices que les pouvoirs leurs imposent.
Le plus important de ces courants est Podemos. Il a choisi de ne pas se présenter systématiquement sous son sigle aux élections municipales, agrégeant autour de lui des coalitions aux dénominations variées selon les villes ou les régions. Ces listes ont remporté un réel succès dans de nombreuses localités, y compris parmi les plus importantes.
À Madrid, Podemos s’est présenté avec son étiquette dans le regroupement Ahora Madrid (Madrid maintenant) et se trouve quasiment à égalité avec le PP. Sa candidate à la mairie de Madrid est connue parmi les classes populaires par son passé militant et pour avoir joué un rôle dans les luttes contre l’austérité, dont les plus récentes.
Le second phénomène marquant est le résultat des municipales à Barcelone où la liste de la coalition Barcelona en comú (Barcelone ensemble), conduite par Ada Colau, a remporté le plus grand nombre de suffrages et a supplanté en nombre de voix la liste des nationalistes catalans de droite. Ada Colau a acquis sa popularité dans son combat contre les expulsions immobilières dans des quartiers pauvres de Barcelone. Et il n’est pas exclu qu’elle devienne maire de Barcelone.
Une autre indication qui permet de mesurer le sens de la contestation électorale est le maintien relatif d’Izquierda Unida (IU), formation constituée autour du Parti communiste espagnol, que les medias considéraient comme moribonde et qui conserve 1 059 000 voix.
La mise en place des conseils municipaux et des Parlements régionaux va sans doute être marquée par des combinaisons politiciennes, d’autant que se profilent pour la fin de l’année les élections générales. Mais ce qui compterait d’abord aujourd’hui serait que tous ceux qui se tournent vers Podemos, vers IU, vers le regroupement autour d’Ana Colau, se donnent des perspectives politiques et des objectifs de lutte, non seulement avec la volonté de changer des dirigeants mais pour inverser la politique actuelle, et imposer une politique en faveur de la population laborieuse.

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