Loin du mythe de
« l’unité nationale », le contexte qui fait suite aux attentats de début
janvier est marqué par la multiplication de propos et d’actes
antisémites, islamophobes et racistes. S’il ne s’agissait que de la
bêtise de quelques abrutis, ce serait déjà un problème. Mais le plus
grave, c’est que l’exemple vient d’en haut.
Ce n’est pas un hasard si le FN attire des candidats appelant sur
Facebook à la destruction des juifs ou écrivant des horreurs du genre « Marine, tu es la réincarnation de Hitler, tu vas nettoyer la France ».
Quand Marine Le Pen n’utilise pas les ignobles tueries perpétrées par
des terroristes fanatisés pour distiller le racisme, elle monte les
travailleurs ou les chômeurs les uns contre les autres, en fonction de
leur nationalité ou de leur religion. Comme les intégristes, elle
cherche à creuser un fossé de haine au sein même de la population.
Oh, elle n’est pas la seule à le faire ! Entre les déclarations de
Roger Cukierman, représentant autoproclamé d’une « communauté juive »,
accusant « les jeunes musulmans » de tous les actes antisémites,
le délire nationaliste et raciste d’un Eric Zemmour et l’obsession
antisémite d’un Dieudonné, on en a jusqu’à la nausée. Mais cet engrenage
où le racisme des uns nourrit celui des autres est le fonds de commerce
du Front national depuis toujours.
D’une autre façon, avec ses discours sur « l’unité nationale »,
Hollande ne fait rien d’autre qu’opposer ceux qui se reconnaissent dans
la « communauté française » aux autres communautés et à nous embrigader
derrière ses aventures guerrières en Afrique et au Moyen-Orient. Du FN
au PS, tous dénoncent le communautarisme pour mieux l’attiser.
Il faut se garder d’un tel piège. Oui, nous sommes bien en état de
guerre. Mais il ne s’agit pas de la prétendue guerre livrée par les
« démocraties » au « terrorisme ». Il s’agit de la guerre sociale,
indissociable du capitalisme.
Quand un milliard de personnes sont condamnées à survivre avec un
euro par jour et que, sur la même journée, d’autres accumulent un ou
deux millions, il faut parler de guerre sociale. Quand, pour se vautrer
dans le luxe, une minorité pille des régions entières, exploite le
dénuement des populations quitte à les livrer à la barbarie des pires
bandes armées, il faut parler de guerre sociale.
Dans les pays riches, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que,
dans cette période de crise, les dizaines de milliards avec lesquels les
grands groupes se rachètent, spéculent et arrosent leurs grands
actionnaires et leurs PDG, proviennent de l’aggravation de
l’exploitation, des emplois supprimés, de la précarité, des bas salaires
et du pillage des caisses de l’État !
Dans la société capitaliste, une loi non écrite veut que l’argent
aille à l’argent. Les plus pauvres et les plus exploités peuvent
travailler toute leur vie, ils ne s’enrichiront pas. Cette loi découle
de la lutte de classe que mène la bourgeoisie contre le monde ouvrier et
elle s’impose, implacable, partout.
Elle s’abat indifféremment sur tous les travailleurs, quelle que soit
leur origine ou leur religion. Inverser le rapport de force avec la
classe capitaliste est pour les travailleurs une nécessité vitale, et
cela ne peut se faire que collectivement, en se battant contre tout ce
qui divise le monde ouvrier : le nationalisme, le communautarisme et le
racisme.
On nous rabâche que notre identité dépend de notre origine, de notre
nationalité ou de notre confession. Mais un aspect essentiel de notre
vie et de notre identité, c’est que nous sommes des travailleurs, des
ouvriers, des employés, gardiens, aides-soignantes ou caissières.
Notre condition de travailleur exploité nous unit, pour le meilleur
et le pire. Au-delà de nos différences, nous partageons les fins de mois
difficiles, les pressions des chefs et la menace du chômage.
Alors, il faut serrer les rangs, rejeter ceux qui veulent dresser un
mur entre nous et affirmer notre conscience d’appartenir à une seule et
même classe sociale, la classe ouvrière. Une classe qui ne pourra
s’émanciper de l’oppression qu’en détruisant sa cause, l’organisation
capitaliste de l’économie.
Seul le mouvement ouvrier communiste, dont l’ambition est de
renverser le capitalisme et de supprimer l’exploitation de l’homme par
l’homme, est porteur de cet idéal.
Seule la classe ouvrière en lutte contre la domination de la
bourgeoisie peut espérer balayer la société de ses tares, des guerres et
des multiples oppressions et préjugés qu’elle charrie.
Renouer avec cette perspective est une nécessité pour que la société ne sombre pas dans la barbarie.
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