samedi 18 octobre 2014

États-Unis : une première victime d'Ebola et de la loi du profit

Aux États-Unis, un premier patient est mort d'Ebola le 8 octobre. Deux semaines auparavant, Thomas Eric Duncan s'était rendu à l'hôpital de Dallas, au Texas, avec une forte fièvre, de vives douleurs abdominales, des vertiges, soit tous les symptômes d'Ebola. Duncan a aussi dit à une infirmière être arrivé du Liberia quelques jours plus tôt. Et cependant les urgences lui ont dit de prendre des antibiotiques et du paracétamol et l'ont renvoyé chez lui !
La vie de Thomas Duncan aurait-elle pu être sauvée ? Peut-être, si on considère qu'au moins trois autres malades, qui ont été traités du virus Ebola aux États-Unis, se sont rétablis. En tout cas, renvoyer Duncan chez lui était irresponsable, vu les risques encourus, non seulement par lui mais par toute la population.
Pourtant, les hôpitaux américains prennent ce type de décision des centaines de fois par jour aux urgences, en renvoyant chez eux les patients n'ayant pas d'assurance maladie. Les directions des hôpitaux mettent les médecins sous pression pour qu'ils rendent les soins plus rentables, au mépris du bien-être des patients. Et de nombreux patients sans assurance se voient refuser un traitement.
Non seulement les autorités ne voient pas les choses différemment, mais elles font preuve du même mépris envers les patients des classes populaires. Par exemple, après que Duncan a été hospitalisé, au lieu de fournir un vrai suivi médical aux quatre personnes qui avaient vécu avec lui, elles ont ordonné leur mise en quarantaine à la manière du Moyen Âge.
Les dirigeants américains ont également cherché à détourner l'attention du public. Des républicains ont exigé que les États-Unis ferment leurs portes aux étrangers - originaires de certains pays, bien sûr, en l'occurrence d'Afrique. Obama a fait la leçon aux autres pays. Cependant le cas de Dallas a révélé la faillite totale du système de santé américain à protéger la population du risque d'Ebola. Un mois après qu'Obama eut promis 3 000 hommes au Liberia, il n'y en a pas 300 ; il a promis 17 centres de traitement de 100 lits chacun, et pas un n'a commencé à être installé.
Les États-Unis ont une technologie médicale sophistiquée. Un responsable médical national, Francis Collins, directeur des National Institutes of Health (Instituts américains de la santé), a d'ailleurs expliqué qu'un vaccin contre Ebola serait déjà prêt si les budgets publics n'avaient pas été réduits. Et si Thomas Duncan et ses proches, qui sont maintenant assignés à domicile, étaient millionnaires, il est certain qu'ils auraient été traités différemment. Selon toute probabilité, ils auraient été accueillis dans une de ces suites dont les hôpitaux de luxe font la publicité auprès des patients cossus.
Une infirmière a contracté le virus après avoir soigné Duncan. Les autorités ont indiqué que le protocole de soins n'avait pas été respecté. Mais, comme l'a révélé un de leurs syndicats, des infirmières interrogées ont répondu à 76 % que leur hôpital ne leur avait indiqué aucun dispositif pour l'admission de patients potentiellement infectés. 36 % des hôpitaux ne disposent même pas des masques et des vêtements de protection adéquats.
Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, l'humanité aurait les moyens de prévenir, de soigner et de guérir les malades, et de contenir les épidémies, si elle n'était pas gouvernée par un système basé sur le profit.
(D'après le journal trotskyste américain The Spark)

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