Aux États-Unis, un premier patient est mort d'Ebola le
8 octobre. Deux semaines auparavant, Thomas Eric Duncan s'était rendu à
l'hôpital de Dallas, au Texas, avec une forte fièvre, de vives
douleurs abdominales, des vertiges, soit tous les symptômes d'Ebola.
Duncan a aussi dit à une infirmière être arrivé du Liberia quelques
jours plus tôt. Et cependant les urgences lui ont dit de
prendre des antibiotiques et du paracétamol et l'ont renvoyé chez lui !
La vie de Thomas Duncan aurait-elle pu être sauvée ? Peut-être, si on
considère qu'au moins trois autres malades, qui ont été traités du
virus Ebola aux États-Unis, se sont rétablis. En tout cas,
renvoyer Duncan chez lui était irresponsable, vu les risques encourus,
non seulement par lui mais par toute la population.
Pourtant, les hôpitaux américains prennent ce type de décision des
centaines de fois par jour aux urgences, en renvoyant chez eux les
patients n'ayant pas d'assurance maladie. Les directions des
hôpitaux mettent les médecins sous pression pour qu'ils rendent les
soins plus rentables, au mépris du bien-être des patients. Et de
nombreux patients sans assurance se voient refuser un
traitement.
Non seulement les autorités ne voient pas les choses différemment,
mais elles font preuve du même mépris envers les patients des classes
populaires. Par exemple, après que Duncan a été hospitalisé,
au lieu de fournir un vrai suivi médical aux quatre personnes qui
avaient vécu avec lui, elles ont ordonné leur mise en quarantaine à la
manière du Moyen Âge.
Les dirigeants américains ont également cherché à détourner
l'attention du public. Des républicains ont exigé que les États-Unis
ferment leurs portes aux étrangers - originaires de certains pays,
bien sûr, en l'occurrence d'Afrique. Obama a fait la leçon aux autres
pays. Cependant le cas de Dallas a révélé la faillite totale du système
de santé américain à protéger la population du risque
d'Ebola. Un mois après qu'Obama eut promis 3 000 hommes au Liberia, il
n'y en a pas 300 ; il a promis 17 centres de traitement de 100 lits
chacun, et pas un n'a commencé à être installé.
Les États-Unis ont une technologie médicale sophistiquée. Un
responsable médical national, Francis Collins, directeur des National
Institutes of Health (Instituts américains de la santé), a
d'ailleurs expliqué qu'un vaccin contre Ebola serait déjà prêt si les
budgets publics n'avaient pas été réduits. Et si Thomas Duncan et ses
proches, qui sont maintenant assignés à domicile, étaient
millionnaires, il est certain qu'ils auraient été traités différemment.
Selon toute probabilité, ils auraient été accueillis dans une de ces
suites dont les hôpitaux de luxe font la publicité auprès
des patients cossus.
Une infirmière a contracté le virus après avoir soigné Duncan. Les
autorités ont indiqué que le protocole de soins n'avait pas été
respecté. Mais, comme l'a révélé un de leurs syndicats, des
infirmières interrogées ont répondu à 76 % que leur hôpital ne leur
avait indiqué aucun dispositif pour l'admission de patients
potentiellement infectés. 36 % des hôpitaux ne disposent même pas des
masques et des vêtements de protection adéquats.
Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, l'humanité aurait les moyens
de prévenir, de soigner et de guérir les malades, et de contenir les
épidémies, si elle n'était pas gouvernée par un système
basé sur le profit.
(D'après le journal trotskyste américain The Spark)
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